Tuesday, March 26, 2013

03/25 Goût de Café et Goût de Thé.





      Je ne pense pas avoir besoin d’aller plus loin pour revenir plus en arrière.
Dans quelle relation de cause à effet cela marche le mieux? Je ne sais pas. 
Le café, c’est bon parce que ça ne l’est pas.

Sérieux, le café en vrai c’est dégeulasse. Dirais-je avec de "vrais" mots.
Je pense que cela doit faire partie de ces goûts que les gens aiment non pas pour ce qu’ils sont mais pour ce qu’ils leurs rappellent .
Voilà pourquoi je me méfie de mes goûts, maintenant.
On prend de l’âge, en effet, quand on aime les gens parce qu’ils nous rappellent un Lui ou un Elle.
Qu’on aime un goût parce qu’il nous renvoie à un « à ce moment là ».

      Je suis assise à mon bureau, me lève, me verse un café.
Noir, avec un peu de lait.
Le volet de la machine est un peu bloqué. 
J’appuye juste un peu plus fort, un clac, juste un « une seconde » qui change de ces « d’habitude ».
Juste un moi-qui-fait-ça qui change des moi-qui-ai-fait-ça d’ « avant ».

Bref, mais pas si court.
Un goût, une couleur, une ‘amertume’ (en voilà un joli mot) qui a d’amertume tous les sens.Qui vous vient par tous les sens et dans tous les sens.


       Tout recommence avec cette chaleur qui revient, mais juste de l’intérieur.
« Avec du lait sinon je ne peux pas le boire » Avais-je dit au serveur, sur la pointe des pieds.
« Prend une citronnade » dit Papa. « Mm » répondit un moi à l’oeil improbatif.
L’odeur du café est forte et le bruit des verres s’entrechoquant parfaitement mélé aux voix masculines de ce lieu si particulier. Laissant à ma brève intervention une place faible mais précieuse.
« Je donne à ton père parce que c’est chaud » dit alors en arabe un serveur immotivé dans une phrase à peine audible mais soulignée de toute façon par le geste.
La plante des pieds sur le frais carrelage blanc et noir en damiers, le café chaud récupéré tenu du bout des doigts et la clim un peu trop forte et très mal distribuée me raccompagnent jusqu’à l’entrée.
Puis le sable chaud, « j’ai bien fait de laisser les chaussures dans la voiture... »
Assise: « Papa il est quelle heure ? » Demandais-je alors dans un bâillement, le corps affalé sur la chaise en fer posée à l’extérieur, le regard tour à tour perdu entre les visages de Malek et Wiam encore endormies dans la voiture, et le paysage de l’autoroute dont les voitures un peu trop proches soulevaient des vagues de sable.
« 5heures35 du matin, on arrive a Tunis dans 4 heures à peu près »

      Le "vrai" moi baissa alors les yeux sur sa montre, 8heures 55.
Je suis à Takadanobaba, dans un bureau face à la fenêtre, le café pas encore assez froid entre les mains.

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