Je me suis arrêtée à la moitié de toi , à la moitié de ce que tes mots disaient de moi, pour te répondre. Je me suis arrêtée en cours de route non pas pour fuire la fin mais plutôt pour rester au milieu, pour donner à mes mots la justification de ton contexte, pour leur donner dans tous les sens du terme, une enveloppe.
J’ai du mal avec le temps et l’espace. J’ai du mal avec les valeurs qui s'y lient, j’ai du mal a réaliser que ce que l’on se permet n’est au final jamais notre bien propre. Qu'il sorte de nous et nous échappe.
Je pensais pouvoir faire de tout ça un tombeau émotionnel, bien enfoui, sur lequel je me tiendrais debout. Et cela sans même savoir si je voulais rester là pour le protéger, pour en interdire l’accès aux autres, ou simplement parce que je n’avais nulle part d’autre où aller. Qu’importe ce qu’il renfermerait, le sol recouvrant ce "ça" serait toujours assez solide pour que nous puissions dessus se tenir debout.
J'avais tellement faux. Notre histoire personnelle n'est en réalité qu'une fondation dans laquelle chaque jour nous montons des marches, et les fissures que nous infligeons aux murs des étages inférieurs ébranlent juste la structure dans son ensemble, et ceci alors que plus nous montons et plus nous avons besoin de savoir que le bâtiment dans lequel nous nous aventurons va nous être stable.
J’ai dû trop confondre monter des marches et moi même grandir.
Et là encore j'avais tellement faux, tout le monde les monte ces marches, elles sont du temps dans un habit de béton, des secondes, un système de comptage régulier et précis qui s’attend au poids de nos pas tout en se foutant de savoir ce que représentent les tableaux accrochés aux murs de nos émotions, tout aussi bien qu'il se fout de savoir comment ceux-ci jour après jour nous affectent.
Le temps en tant qu'entité infinie est loin de s'inquiéter de savoir si dans notre individualisme téméraire, spontané et inconséquent nous avons fait ces dérisoires choses que nous avons un jour appellé "bons choix".
J’ai pensé qu’il suffirait de se persuader que nous nous pardonerions tout pour que cela marche, j’ai pensé que je pourrais tout défendre au tribunal de mon amour-propre.
Tout cela est maintenant ce qu’il est, dans une finition décidée -aussi bien que décédée- et arbitraire. Si on se réincarne après la mort et qu’on sort de tout ça on ferait un couple parfait, pas vrai ? C’est étrange d’avoir cette certitude si simple et si triste à la fois. Deux réalisateurs qui auraient une idée de film fantastique une fois déjà engagés et partis sur un autre « On aura jamais les moyens pour le second, donc on finit le premier. Mais ce deuxième ça aurait juste été un blockbuster ». Pas cette fois, mais une autre fois loin des autres, loin des gens, sur une île, je veux bien être un singe s’il le faut, recommencer n'importe où, parce que être ensemble, aurait été comme naître avec la clé d'un des secrets de l'univers entre les mains.
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